Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/47

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1679 verez ; c’est à Mme  d’Estissac, de l’Amour des pères envers leurs enfants[1]. Mon Dieu, que ce livre est plein de bon sens !

Mon fils triomphe aux états ; il vous fait toujours mille amitiés ; plus de soin de votre santé[2], plus de crainte que vous ne soyez pas assez forte : enfin ce pigeon est tout à fait tendre. Je lui dis aussi vos amitiés : je suis conciliante, comme dit Langlade. Mme  de Vins vous aime, et m’a demandé soigneusement de vos nouvelles ; la pauvre Méri est toujours misérable ; elle me fait une pitié extrême ; j’irai la voir bientôt[3].

J’ai une extrême envie de savoir si vous vous serez bien

  1. 19. C’est le chapitre viii du livre II des Essais de Montaigne. — Le trait du maréchal de Montluc peint au vrai la sévérité des mœurs antiques ; mais ce n’est pas seulement cet endroit qui aura frappé Mme  de Sévigné. Elle a dû se reconnaître dans le portrait que Montaigne (au même chapitre) trace de Mme  d’Estissac, et elle est bien aise que sa fille l’y reconnaisse aussi. Ce passage ne sera pas ici hors de sa place : « Or, Madame, ayant à m’y pourtraire au vif, j’en eusse oublié un traict d’importance, si je n’y eusse représenté l’honneur que j’ay tousiours rendu à vos merites; et l’ay voulu dire signamment à la teste de ce chapitre, d’autant que, parmi vos aultres bonnes qualitez, celle de l’amitié que vous avez montree à vos enfants, tient l’un des premiers rengs. Qui sçaura l’aage auquel M. d’Estissac, vostre mari, vous laissa veufve, les grands et honorables partis qui vous ont esté offerts autant qu’à dame de France de vostre condition, la constance et fermeté de quoy vous avez soustenu, tant d’annees, et au travers de tant d’espineuses difficultez, la charge et conduicte de leurs affaires, qui vous ont agitee par tous les coings de France, et vous tiennent encore assiegee, l’heureux acheminement que vous y avez donné par vostre seule prudence ou bonne fortune: il dira ayseement avecques moi, que nous n’avons poinct d’exemple d’affection maternelle en nostre temps plus exprez que le vostre. » {Note de l’édition de 1818.) Dans cette phrase, la deuxième édition de Perrin (1754) supprime les mots « et me dites comme vous vous en trouverez. »
  2. 20. « C’est plus d’attention pour votre santé. » (Édition de 1754.)
  3. 21. Cette dernière phrase est seulement dans l’édition de 1734.