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875. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET DE CORBINELLI AU COMTE DE BUSSY RABUTIN.

Le lendemain du jour que j’eus écrit cette lettre (du 5 avril, no 876, p. 44), je reçus celle-ci de Mme de Sévigné.
À Paris, ce 3e avril 1681.

de madame de sévigné.

Faisons la paix, mon pauvre cousin. J’ai tort, je ne sais jamais faire autre chose que de l’avouer. On dit que ma nièce ne se porte pas trop bien. C’est qu’on ne peut pas être heureuse en ce monde : ce sont des compensations de la Providence, afin que tout soit égal, ou du moins que les plus heureux puissent comprendre, par un peu de douleur et de chagrin, ce qu’en souffrent les autres qui en sont accablés. Je n’aurai point de foi à votre voyage du mois d’avril, tant qu’elle ne sera pas en état de venir avec vous.

Je vous ai souhaité un lot à la loterie[1], pour commencer à rompre la glace de votre malheur. Cela se dit-il ? Vous me le manderez, car je ne puis jamais raccommoder ce qui vient naturellement au bout de ma plume[2]. Cela donc vous auroit remis en train d’être moins malheureux ; mais je crois que ma nièce de Sainte-Marie le sauroit, et qu’elle me l’auroit dit. Monsieur votre fils n’a rien gagné aussi ; mais nous avons encore toutes nos espérances pour le gros lot, le Roi l’ayant redonné au public.

  1. Lettre 875. — 1. Le marquis de Bussy écrivait à son père, le 6 février : « On a ouvert aujourd’hui une loterie chez Mme de Montespan, dont le gros lot sera de cent mille francs, et où il y en aura cent autres de chacun cent pistoles. Les billets sont d’un louis. »
  2. 2. « Ce qui me vient naturellement au bout de ma plume. » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.)