Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/171

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1681 que vous lui donnez aussi d’apprendre à écrire à un homme comme vous. Ses yeux et son rire m’ont assuré[1] qu’elle trouve cette petite affaire toute comme elle est. Cela me mit dans la disposition de lui promettre ce qu’elle me demandoit, qui est d’être la maréchale de France de cette querelle[2] avec M. de Roussillon. En effet, j’en veux être la maîtresse ; elle se doit passer en riant, ou par

    promets et jure devant Dieu à Henri-François de la Rivière, de l’épouser quand il lui plaira. En foi de quoi j’ai signé ceci du plus beau et du plus pur de mon sang. Fait ce 18 octobre 1679. » Le comte de Bussy donna d’abord son approbation à ce mariage, puis il la rétracta, lorsqu’il crut découvrir que la Rivière n’était pas gentilhomme. Mme  de Coligny, entraînée par sa passion, acheta la terre de Lanty, par contrat du 12 octobre 1680, afin d’avoir un moyen de se soustraire à l’autorité absolue de son père. Elle avait profité d’une absence de celui-ci pour arrêter les conditions civiles de son mariage. Espérant sans doute que, le mariage accompli, son père ne refuserait plus son consentement, elle reçut, le 19 juin 1681, la bénédiction nuptiale dans la chapelle du château de Lanty. Bussy finit cependant par obtenir de sa fille qu’elle se joindrait à lui pour soutenir la nullité de ce mariage. — On lit dans Amelot de la Houssaye, tome II, p. 399, article Concini : « Le jour ou le lendemain de la mort du maréchal d’Ancre, un laquais du chancelier de Sillery trouva une cédule de huit cent mille livres payable à ce maréchal. Il la porta au conseil, qui lui donna douze mille livres de récompense en argent comptant, et fit créer en sa faveur une charge de garde de la porte du Louvre, avec douze cents livres d’appointements. Cet heureux laquais s’appelait la Rivière, et son petit-fils a épousé la fille du fameux comte de Bussy Rabutin, auteur du livre intitulé Histoire amoureuse de France, à laquelle il ne manque rien que celle des amours de sa fille. Mais le procès que ce comte et son gendre ont eu au parlement de Paris au sujet de ce mariage a suppléé à ce défaut. » — Sur cette scandaleuse affaire et sur le procès au Parlement, voyez la lettre de Mme  de Sévigné au comte de Guitaut, en date du 23 janvier 1682, p. 176 et suivantes, et l’Appendice V de la Correspondance de Bussy, tome VI, p. 611 et suivantes.

  1. 4. Tel est le texte du manuscrit.
  2. 5. Ce sont les maréchaux de France qui sont juges du point d’honneur entre les gentilshommes et officiers d’armée qui accordent leurs querelles. » (Dictionnaire de Trévoux.)