Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/421

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1685 il tient les bons pères dans sa manche, comme vous tenez M. de Chaulnes dans la vôtre ; je ne vois que ce chemin : pour moi, j’avoue que je n’y ai point de pouvoir ; mais au moins plus de saignées. Ce n’est pas tout perdre que le Roi ait demandé des nouvelles de vos malades, cela console de pauvres courtisans qui ne pensent qu’à lui. Une des femmes que traitoient nos capucins est morte, parce qu’ils n’ont pas eu l’esprit de lui refaire un poumon tout neuf : elle avoit vidé plus de la moitié du sien quand ils la prirent ; aussi n’ont-ils jamais dit qu’ils la guériroient ; mais qu’ils lui donneroient des jours, et feroient en sorte qu’elle mourroit doucement : ils ont tenu leur parole. Que je vous plains, ma fille, d’être obligée de quitter Livry ! vous revoilà accablée de mille choses. Je crois que vous aurez eu un assez vilain temps depuis trois jours ; nous avons ici du froid et de la pluie glacée ; ce ne sont point de ces temps doux et humides qu’on doit avoir l’été. Vous aurez vu par mes lettres que mon fils ne nous dédira point, qu’il sera charmé d’être dans votre goût : sa femme a ri à pâmer de voir toutes les couleurs que vous ne lui donnerez point, en l’assurant d’une fort aimable garniture. Nous courons après notre livre du carrousel, que nous avons prêté, afin de voir la quadrille[1] que vous lui destinez. Vous lui donnerez aussi telle coiffure que vous voudrez : vous êtes maîtresse de tout, pourvu que vous teniez un peu bride en main pour la dépense : J’épouserai qui vous voudrez, pourvu que ce soit Mlle  Hortense. Pour moi, ma très-chère, vous ferez tout ce qu’il vous plaira : vous savez mieux que moi s’il me faut un habit, vous êtes à la source. Coulanges me mande que nos états sont remontés au

  1. 3. Les quadrilles des carrousels, des tournois, se distinguaient par la forme des habits ou la diversité des couleurs.