Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/467

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1685 qu’il y ait des gens assez méchants pour accabler ce pauvre petit homme de mille choses, à quoi peut-être il n’a jamais pensé ? Obtenez au moins qu’on l’écoute, et qu’on suive la règle de ne le pas condamner sans l’entendre. Il est à Chaulnes, d’où il vous écrira. Je ne parle plus de ma jambe, parce que je n’ai plus rien à dire, et que je jouis du plaisir d’être guérie, et de me promener soir et matin : vous en jugerez, et vous aimerez Charlotte. Cependant je vous embrasse de tout mon cœur, et je vais rêver à tout ce qui peut flatter le plus doucement mes espérances. Je sens que je commence à négliger d’écrire : j’aspire à quelque chose de meilleur, quoiqu’en vérité votre commerce, après vous, soit la plus agréable chose du monde.

Je voudrois bien que ce que je vous ai mandé de M. de la Trousse[1] ne retournât point à sa source, ni dans notre quartier ; vous voyez bien que j’ai raison, et que cela n’est bon que pour vous. Nous fûmes hier chez la princesse de Tarente ; nous vîmes son fils : ah ! qu’il a une belle taille, et qu’il est laid ! Il n’est pas le premier qui soit ainsi[2]. Mon fils vous fait mille amitiés ; il est guéri de sa petite fièvre, comme moi, par la tisane. Adieu, ma très-aimable, je vous baise des deux côtés. N’êtes-vous pas toujours belle et grasse ? j’espère le savoir dans peu, si Dieu me prête vie[3].

  1. 2. Ceci ne peut guère se rapporter, ce semble, à la dernière mention que Mme  de Sévigné a faite de la Trousse, au sujet du camp sur la Saône (p. 430). Elle veut sans doute parler ou de quelque lettre perdue ou d’un passage, omis par Perrin, qui pouvait contenir une confidence comme celle du 15 novembre 1684 (p. 315).
  2. 3. Mme  de Sévigné veut désigner par là M. de Grignan, qui étoit bien fait sans être beau. (Note de Perrin.)
  3. 4. La correspondance de Mme  de Sévigné avec sa fille s’arrête ici et ne reprend qu’au 20 septembre 1687. Elles passèrent l’une et l’autre ce temps à Paris