Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/476

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tant de gens se sont convertis sans savoir pourquoi. Le P. Bourdaloue le leur apprendra, et en fera de bons catholiques. Les dragons ont été de très-bons missionnaires jusques ici : les prédicateurs qu’on envoie présentement rendront l’ouvrage parfait[1].

Vous aurez vu, sans doute, l’édit par lequel le Roi révoque celui de Nantes. Rien n’est si beau que tout ce qu’il contient, et jamais aucun roi n’a fait et ne fera rien[2] de plus mémorable.


de madame de grignan.

Jẽ vous passe pour beau, Monsieur, et je vous ai traité comme tel en faisant réponse à la lettre que vous me fîtes la grâce de m’écrire en m’envoyant votre Généalogie. Quand j’aurois eu du penchant à vous mépriser, elle m’en auroit bien empêchée ; mais, en vérité, Monsieur, j’en suis fort éloignée : j’aime votre esprit, et j’estime votre mérite comme je dois. Quant à votre personne, j’y prends un si grand intérêt, que je veux absolument savoir de quel régime vous avez usé pour faire deux mentons de ce que j’ai vu de peaux inutiles. M. de Grignan s’est jeté dans cette superfluité, et je serois bien aise qu’il redevint aussi beau que vous l’êtes, en suivant vos conseils.


  1. 5. « On sut que le Roi avoit résolu d’envoyer des missionnaires dans toutes les villes nouvellement converties. Le P. Bourdaloue, qui devoit prêcher l’avent à la cour, va à Montpellier, et le Roi lui dit : « Les courtisans entendront peut-être des sermons médiocres, mais les Languedociens apprendront une bonne doctrine et une belle morale. » Tous les ordres religieux fourniront des missionnaires, et les jésuites plus que les autres. » (Journal de Dangeau, mardi 16 octobre.) — « Ce jour-là on enregistra dans tout le royaume la cassation de l’édit de Nantes, et l’on commença à raser tous les temples qui restoient. » (Ibidem, lundi 22 octobre.)
  2. 6. Le mot rien est répété dans notre manuscrit.