Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/484

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1685 confession, et sans avoir eu un seul moment, non-seulement pour Dieu, mais pour lui, car il n’a pas eu la moindre connoissance. Sa belle veuve l’a fort pleuré : elle a cent mille écus de rente, et a reçu tant de marques de l’amitié du Roi, et de son inclination naturelle pour elle, qu’avec de tels secours personne ne doute qu’elle ne se console. Le prince de la Roche-sur-Yon, qui n’a pas les mêmes raisons, est encore très-affligé[1]. Vous savez et vous approuvez sans doute toutes les places remplies. Mais ne semble-t-il pas, à voir comme je bats la campagne, que j’aie dessein d’oublier de vous parler du mariage de Madame votre fille ? les apparences sont bien trompeuses ; car c’est l’endroit principal et favori dont j’ai été touchée, par rapport à la sensible part que je sais que vous y prenez, Monsieur. En vérité, j’ai une véritable joie de son établissement, que je trouve fort honnête et fort agréable. Je connois le nom de notre amant, il est des premiers de la robe. Feu Mme  de Fresnes[2], célèbre par son bon esprit, disoit de ces sortes de familles que c’étoit du velours rouge cramoisi, c’est-à-dire une belle et solide et honorable étoffe. J’ai encore une joie particulière, c’est de savoir qu’ils sont contents, et que Madame votre fille est parfaitement satisfaite : Dieu leur conserve ce goût, et à vous, Monsieur, celui de m’aimer toujours un peu, malgré toutes les distances et les absences ! Vous savez celui que j’ai pour votre mérite. Je n’ose m’étendre davantage, car voilà notre cher et furieux jaloux.


de corbinelli.

Je croyois avoir étouffé ce vilain commerce, et que la

  1. 6. Voyez l’Épître que la Fontaine lui adressa à l’Isle-Adam (Œuvres de la Fontaine, édit. Walckenaer, tome VI, p. 145, épître xx).
  2. 7. Mme  du Plessis Guénégaud, dame de Fresnes, morte en 1677.