Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/85

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1680 J’admire votre amitié d’être si attentive au mal de Mademoiselle, et de ne vouloir pas que ceux qui sont nés en 1627 prennent la liberté d’être malades[1]. Vous avez été plus en peine de cette princesse que toute sa noble famille ; et son malheur est tel, qu’il faut encore que ce soit moi qui vous en remercie. Je le fais aussi pour le soin que vous avez de penser à nous défaire de notre charge, qui nous charge. Quand nous parlons d’entrer dans une autre, c’est dans l’extrémité, et en cas que nous soyons obligés d’en parler à M. de Louvois, parce qu’on ne croit point en ce pays-là qu’un homme puisse vivre ni respirer, s’il n’y est engagé ; mais le but de nos desirs seroit de nous débarrasser entièrement de cette glu, qui fait une contrainte et un engagement dont on voudroit être tiré, du moins pour quelque temps[2] ; de sorte que si vous trouviez quelqu’un qui voulût effectivement d’une très-jolie charge, et dont la jeunesse s’accordât d’ici à quelques années avec le titre de subalterne, ce seroit la chose du monde la plus heureuse pour nous. Si vous êtes destinée, ma fille, à nous faire ce plaisir, vous pourrez vous vanter d’avoir donné à votre frère le plus sensible qu’il ait jamais eu. La pensée d’être abandonné de M. de la Trousse le fait sauter aux nues; et la seule espérance de ce neveu de Brancas[3]épanouira sa rate.

Mais aussi vous nous donnez l’exemple d’une philoso-

  1. 8. Voyez ci-dessus, p. 51 et la note 14. Mademoiselle était née le 29 mai 1627.
  2. 9. Ce qui suit, depuis : « de sorte que, » jusqu’à la fin de la phrase, ne se trouve que dans l’édition de 1754. Quant à notre manuscrit, il ne commence qu’avec l’alinéa suivant : « Mais aussi vous nous donnez l’exemple, etc. »
  3. 10. Le duc de Brancas ? Il ne fut colonel qu’en 1684 : voyez tome VI, p. 363, note 9.