Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/165

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en plus à vous imiter. Il y a des rencontres où il est bien difficile de ne pas dire ce vers tant de fois répété La constanee est ici d’un difficile usage s.

Mais on s’accoutume à tout. Plus je vis, et plus je trouve vrai ce paradoxe Que tous les hommes sont également heureux et malheureux* Il m’est d’une grande utilité, depuis que je l’ai entendu comme il doit l’être. Pour cet effet, je pose un gueux de soixante ans à l’hôpital, avec des maux de tête violents qui le prennent règlement tous les deux jours; qu’il soit, outre cela, paralytique d’un côté, et sujet à une colique’ néphrétique. Je pose d’un autre côté un roi de trente ans,, beau, bien fait, victorieux, et sain de corps et d’esprit; et je dis que le gueux est aussi heureux que le roi, ou qu’il n’est pas plus malheureux. Si cela est véritable, comme je le crois, personne ne se doit plaindre de son état. Faites la comparaison des biens et des maux de ces deux personnages, de leurs plaisirs et de leurs peines, et je suis assuré que vous serez de mon avis.

J’ai traduit depuis peu deux oraisons grecques sur deux versions latines, l’une d’Isocrate, et l’autre-de Démosthène, pour juger de leur éloquence par comparaison à celle des modernes; mais je trouve qu’il y a partout des perfections et des défauts, selon le goût des siècles. 8. C’est le vers 4ro de Poljeucte, acte 11, scène i.

g. La Rochefoucauld exprime la même idée dans sa 52e maxime « Quelque différence qui paroisse entre les fortunes, il y a" néanmoins une certaine compensation de biens et de maux qui les rend égales. » II y avait dans la première édition des Maximes, oit celle-ci est le no 61 « qu’il y ait, » au lieu de <c qu’il paroisse, » et proportion, au lieu de compensation. Voyez la fin de la lettre du 2 mars 1689.

1688

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