Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/347

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Je ne vous oublierai pas à notre prélat ; nous redoublons tous les jours de chaleur l’un pour l’autre.

11007. DU COMTE DE BUSSY RABUTIN

A. MADAME DE GRIGNAN.

Le même jour que j’écrivis cette lettre, j’écrivis celle-ci à Mme de Grignan.

A Chaseu, ce 18è décembre 1688.

J'ai vu avec plaisir, Madame, le nom de M. de Grignan dans la liste des chevaliers de l’ordre qu’on va faire. Celui-là ne m’a pas surpris, comme ont fait beaucoup d’autres. Je crois aussi, par la même raison, que vous avez été bien étonnée de n’y pas voir le mien. Je vous dirai sur cela, Madame, qu’après, ce qui m’arrivà à la promotion des chevaliers de 1662, je m’étois consolé de n’être pas chevalier de l’ordre, ne pouvant faire autre chose que de m’en consoler. Il est vrai que cette dernière promotion a renouvelé mon chagrin, et ce qui l’a rendu même un peu plus cuisant, c’est que le Roi venoit de faire en vingt et quatre heures deux grâces à mes enfants[1], sur la lettre que je m’étois donné l’honneur de lui écrire cela avoit un peu relevé mes espérances pour les grâces, et m’a rendu aujourd’hui plus sensible à la privation de celle-ci. Cependant comme je suis fait aux adversités, j’ai bientôt voulu ce que Dieu et le Roi vouloient. Je vous dis tout ceci, Madame, parce que je sais l’intérêt que vous me faites l’honneur de prendre à ce qui me touche, et ne doutant pas que vous n’ayez été fâchée pour


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  1. LETTRE 1107. 1. Voyez ci-dessus, p. 243 et 244, la lettre du 3 novembre, et la note 5.