Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/414

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donne un chagrin extrême ; je voudrois bien pouvoir le consoler et l’amuser un peu ; mais la noirceur de l’humeur de la goutte lui rend tout indifférent : je serois trop heureuse d’être bonne à quelque chose ; mais je suis fort inutile, à mon grand regret. Je fais tous vos compliments, et je fais valoir[1] vos souvenirs et vos douceurs. Mme de Coulanges en est fort reconnoissante ; elle vous dit mille choses honnêtes et polies. Elle est fort occupée de l’abbé Têtu, qui en vérité ne se porte pas bien sa maladie s’appelle tou au moins des vapeurs noires, et une insomnie qui commence à résister à l’opium.

Votre enfant est fort joli ; il étoit hier à l’Opéra[2] avec Monseigneur. Il a écrit à Monsieur de Carcassonne ; il lui écrira encore l’amitié de cet oncle ne va pas toute seule, il y faut de l’entretènement ; je prends soin d’en faire souvenir. Vous me représentez fort au naturel la sorte de laideur de vos mariés il me semble, en vérité, que je suis à la noce. Je suis fort aise que contre votre coutume, vous ayez dit à M. Gaillard le souvenir que j’ai de son mérite et de ses regards perçants [3]. Le ma-

  1. 12.« Je fais toujours vos compliments, je fais valoir, etc. » (Édition de 1754.)
  2. 13. Dangeau nous apprend (tome II, p. 332) que l’opéra de Thétis et Pélée, paroles de Fontenelle et musique de Collasse, fut représenté pour la première fois à Paris le 11 janvier, et nous lisons dans le Mercure de février (p. 296 et 297) que le Dauphin alla le voir plusieurs fois. Le Roi et la Dauphine ne l’ayant pas vu à Paris, il fut donné à Trianon le 16 février. Les deux auteurs ordinaires des paroles et de la musique des opéras, Quinault et Lulli, étaient morts : Quinault, le 26 novembre 1688 : « il s’étoit mis depuis deux ans dans une grande dévotion, » dit Dangeau à cette date ; Lulli, plus d’un an avant, le 22 mars 1687 ; la musique de l’opéra de Zéphire et Flore, représenté en 1688, était de deux de ses fils, Louis et Jean-Louis.
  3. 14. Voyez la lettre du 29 décembre 1688, p. 363, et notes 4 et 5. La phrase qui suit n’est que dans l’édition de 1754, et celle qui termine la lettre est seulement dans l’édition de 1737.