Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/161

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Je voudrois pourtant sauver la conservation de cette fiche tenace[1], qui fait un air de devoir partout, qui peint l’avarice sans aucun profit : car il en faut toujours venir à décréter[2] cette fiche ; et vous n’y gagnez rien que l’air d’être une petite vilaine[3]il y a longtemps que je gronde ces gardeuses ; ils ne font autre vie en ce pays-ci[4]. J’aime Pauline; tout ce que vous m’en dites me fait plaisir ; je veux qu’elle se porte bien, et que ces eaux soient le remède universel à son mal, et à celui de Martillac. Adieu, mon enfant: je suis fort loin et fort près dé vous ; je n’entreprends point de vous dire avec quelle tendresse je vous aime : vous le devinez bien à peu près, non-seulement par le goût naturel que vous me connoissez pour votre esprit et pour votre personne, mais par l’estime et l’admiration que j’ai pour votre cœur, où vous me donnez une si bonne place.

COMTE DE BUSSY RABUTIN

A MADAME DE SÉVIGNÉ[5].

A Chaseu, ce 9è août 1689.

Monsieur de Sévigné a raison de regretter la dépense





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  1. . « Sauver l’amour de cette fiche tenace. » (Édition de 1754.)
  2. 17. A décréter, c’est-à-dire à vendre. « On dit : décréter une maison, une terre, pour dire :en faire le décret pour le payement des créanciers, et la sûreté des acheteurs. (Dictionnaire de l' Académie de 1694.)
  3. 18. « …à décréter cette fiche; et tout ce qu’on y gagne, c’est d’y paroître trop attachée. » (Édition de 1754.)
  4. 19. « On ne fait autre vie en ce pays-ci. » (Ibidem.) La lettre finit ici dans notre manuscrit.
  5. LETTRE I205. 1. Cette lettre ne se trouve, non plus que celle à laquelle elle répond (voyez p. 122), ni dans notre manuscrit, ni dans l’édition de 1697. Elle a paru pour la première fois dans la troisième partie (p. 20) des Nouvelles lettres de Bussy (1709)