Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/162

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̃ qu’il fait à la tête de sa noblesse ; c’est la plus inutile qu’il fera de sa vie. M. de Tourv’ilie a enfin joint notre flotte à Brest : voilà nos côtes en sûreté et notre noblesse désormais inutile.

Le siège de Mayence est formé par M. de Lorraine avec cinquante mille hommes[1]. Il peut prendre cette place, il peut la manquer; mais qu’il la prenne par un long siège, ou par des attaques vives, comme il a attaqué Bude[2], il ruinera son armée, parce que nous avons dans cette place près de dix mille hommes, et le marquis d’Uxelles, qui la défendra bien. Bonn est bombardé par l’électeur de Brandebourg[3] On me mande qu'l n'y a plus que douze maison entières dans cette ville, et

  1. 2. Mayence, investi par le duc de Lorraine, Charles V, commandant en chef de l’armée impériale, le 17 juillet, se rendit dans les premiers jours de septembre. Le duc de Lorraine avait quarantecinq mille hommes, auxquels vinrent s’ajouter les troupes de l’électeur de Bavière. La garnison de Mayence était de neuf mille hommes d’excellentes troupes sous les ordres du marquis d’Uxelles. Voyez l’Histoire de Louvois par M. Rousset, tome IV, p. 224 et suivantes.
  2. 3. Bude avait été emporté d’assaut par le duc de Lorraine Charles V le 3 septembre 1686.
  3. 4. Frédéric III, fils du grand électeur; c’est celui qui, sous le nom de Frédéric I, devint en 1700 le premier-roi de Prusse. Après avoir pris, le 26 juin, la ville de Kaiserswerth, Frédéric avait marché sur Bonn, où Je trouvait le baron d’Asfeld, avec une garnison de six mille hommes. Au lieu d’un siège, l’Électeur essaya d’un bombardement ; il mit en batterie jusqu’à cent canons et mortiers. Il réduisit la ville en poudre mais la garnison, abritée dans ses souterrains, ne souffrit guère de ce feu terrible.  »(Histoire de Louvois, tome IV, p. 234.) On lit dans le Journal de Dangeau, au 30 juillet 1689 « On a appris que Monsieur l’électeur de Brandebourg avoit jeté sept ou huit mille bombes dans Bonn en fort peu de jours. [que] Monsieur l’Électeur avoit fait sommer d’Asfeld de se rendre, et qu’il avoit répondu que s’il étoit attaqué dans les formes, il y pourroit songer dans trois ou quatre mois. » La place, bombardée, puis bloquée, puis assiégée dans les formes, ne capitula que le 10 octobre. Après avoir résisté longtemps à l’Électeur, elle se reni au duc de Lorraine.