Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/163

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qu’on y a jeté seize mille bombes à deux louis chacune : voilà faire du mal bien chèrement.

Le marquis de Bussy est en Alsace, dans le corps que commande M. de Choiseul, entre Strasbourg et Philisbourg. Je crois que ce corps-là joindra bientôt M. de Duras[1]6. Nous partons demain pour la Franche-Comté, votre nièce et moi ; elle ne fait que d’arriver d’Auvergne, où elle a été reçue du bonhomme comte de Dalet et de sa parenté, comme elle le pouvoit souhaiter. Ils ont trouvé le petit de Coligny fort joli, et sont pleinement persuadés qu’il n’est pas mort[2]. Je comprends bien que notre cher Corbinelli nous accommoderôit fort à nos campagnes ; il y seroit admirable, puisqu’il l’est à Paris.

I2O6. -- DE MADAME DE SÉVIGNÉ

A. MADAME DE GRIGNAN.

A Auray, ce-vendredi 1è août[3]

IL est revenu au gîte, ma chère enfant, ce paquet égaré[4]; j’avois grande raison de le regretter : il est rempli de tout ce que j’aime à savoir ; je serois bien fâchée[5] de

  1. 5. Qui commandait l’armée du Rhin. Le 31 août Louvois lui donne l’ordre exprès de marcher vers Mayence, avec une force de quarante mille hommes, « que l’arrivée prochaine du duc de Choiseul, avec quatre bataillons et dix-huit escadrons détachés de l’armée de Flandre, portera bientôt à plus de cinquante mille. » (Histoire de Louvois par M. Rousset, tome IV, p. 232.
  2. 6. Allusion à la plaidoirie de l’avocat du comte de Dalet, dans le procès que Mme de Coligny soutint contre lui. Voyez tome V, p. 554.
  3. LETTRE 1206. 1. Dans l’édition de 1754, cette lettre est datée du samedi 13 août.
  4. 1. «  IL est revenu au gîte, ce paquet que je croyois perdu, » (Édition de 1754.)
  5. 3. « Je serois fàchée.  » (Ibidem.)