Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/168

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<reffollow=p1661>chal d’Estrées que le voyage de M. de Chaulnes ne sera point long. » (Édition de 1754.)</ref>

le fera revenir dès qu’il y aura un nouveau pape, etc. » M. de Croissi ajoute à tout cela « Que le Roi ne peut douter du succès d’une affaire dont M. de Chaulnes sera le négociateur ; que Sa Majesté sait que ses affaires ne sont pas en bon état, mais qu’elle donnera[1] ce qui sera nécessaire pour un voyage si précipité et si important, et qu’il vienne, et que le voyage sera court et si glorieux pour lui, qu’on ne sauroit douter qu’il n’obéisse avec joie ; et que cependant il n’en parle point encore[2]. » Voilà donc un assez grand mouvement dans notre petite troupe, M. de Revel et moi dans la confidence, nos bouches cousues ; M. de Cbaulnes, partagé entre le goût que son amour-propre trouvoit à ce choix, qui le fait venir chercher [3] dans le fond de la Bretagne pour lui donner l’honneur d’une si belle ambassade, et le regret de quitter les états, où il y aura de grandes affaires, et où il pourrait également servir le Roi et la province. Pour Mme de Chaulnes, à bride abattue[4] elle pleure, elle soupire : une absence, un grand voyage, un âge assez avancé ; elle comptoit pour rien de n’avoir pas un sou ; elle ne chantoit que sur le ton douloureux des fatigues de ce voyage[5]. On avance le retour à Rennes de deux ou trois jours ; on dit que le Roi sera bien aise que M. de Chaulnes fasse un tour à la cour avant les états : ceux qui ont bon nez devinent le voyage de Rome. On va coucher

  1. 3. « Que Sa Majesté, sachant que ses affaires ne sont pas en bon état, donnera, etc. »(Ibidem.)
  2. 4. «  Et si glorieux pour lui, qu’on est persuadé qu’il obéira avec joie ; et cependant qu’il n’en parle point encore. » (Ibidem.)
  3. 5. « Qui fait qu’on le vient chercher. » (Ibidem.)
  4. 6. Les mots à bride abattue ne sont pas dans l’édition de 1737.
  5. 7. « Elle compte… elle ne chante… les fatigues d’un grand voyage. » (Édition de 1754.)