Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/216

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


prise[1]: on étoit si aise de ce siège, que je me moquois toujours de M. de Lorraine. On dit que le marquis d’Uxelles en sort avec l’estime des amis et des ennemis. Je tremble que le frère du doyen[2] ne soit encore du nombre des morts ou des blessés : tous ses braves frères ne font pas vieux os ; il en est bien persuadé, par la manière si prompte et si légère[3] dont il entendit ce que lui disoit M. Prat[4] : il est accoutumé à recevoir de telles nouvelles. Je suis en peine du pauvre Martillac : que fait-on sans jambe dans une ville qui est prise d’assaut [5]?, quel bruit, quelle confusion, quel enfer ! j’en suis inquiète, je ne sais pourquoi[6]. Je plains M. de la Trousse nous disions fort bien, en lui voyant rajuster

    qu’il avoit ordre du Roi de le secourir ; le cuirassier est entré et ressorti, et rapporte un billet de M. d’UxeIles, qui lui mande qu’il a été obligé de capituler, parce qu’il n’avoit plus de poudre et que tous les mousquets étoient crevés. La garnison est encore de plus de sept mille hommes en bon état, et doit être conduite à Landau. » Et Saint-Simon ajoute : « M. de Louvois fut fort accusé de la reddition de Mayence sur le point du secours, parce qu’il vouloit la guerre, et l’embarquer pour longtemps ; aussi y avoit-il mis le marquis d’Uxeîles, sa créature très-confidente, qu’il sut bien tirer d’affaires auprès du Roi. » Mais voyez l’Histoire de M. Henri Martin, tome XIV, p. 109.

  1. 21. Dans l’édition de 1754 « nous a surprise (sic). »
  2. 22. Un des frères de Rippert, doyen du chapitre de Grignan. Voyez tome II, p. 81 note 7, et tome V, p. 54 et p. 63.
  3. 23. « Il en est bien persuadé, si du moins on en juge par la manière prompte et légère, etc. » (Édition de 1754.)
  4. 24. Curé de la ville de Grignan. Voyez tome II, p. 41, note 1.
  5. 25. Mme de Sévigné n’ignoroit point que Mayence avoit été prise par composition, et que le prince Charles de Lorraine avoit laissé le marquis d’Uxelles maître de la capitulation; mais elle vouloit parler de l’attaque du chemin couvert, qui fut très-vive et très-meurtrière. (Note de Perrin, 1754.) Voyez le Journal de Dangeau, au 13 septembre 1689.
  6. 26. Les mots : « je ne sais pourquoi, » manquent dans l’édition de 1754.