Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/241

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serveront l’amitié de votre maman, et en chemin faisant l’estime de tout le monde.

En vérité, ma fille, je suis fort aise que, pour votre amusement et pour l’honneur de ma prophétie, Pauline soit devenue aimable et douce, et comme vous la souhaitiez.

Je ne comprends pas que Mlle le Camus puisse être moins bonne à épouser parce que son oncle ne va point à Rome : quelle vision ! l’a-t-on regardée comme nièce d’un ministre d’État ? Il n’est qu’un cardinal d’un grand mérite, et un saint : il n’y a rien de changé à tout cela.

1221. DE MADAME DE SÉVIGNÉ

A MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, dimanche 2è octobre.

Il[1] 1l y aura demain un an que je ne vous ai vue, que je ne vous ai embrassée, que je ne vous ai entendue parler, et que je vous quittai à Charenton. Mon Dieu! que ce jour est présent à ma mémoire! et que je souhaite en retrouver un autre qui soit marqué par vous revoir, par vous embrasser, par m’attacher à vous pour jamais! Que ne puis-je ainsi finir ma vie avec la personne qui l’a occupée tout entière! voilà ce que je sens, et ce que je vous dis, ma chère enfant, sans le vouloir, et en solennisant ce bout de l’an de notre séparation.

Je veux vous dire, après cela, que votre dernière lettre est d’une gaieté, d’une vivacité, d’un currente calamo[2]

  1. LETTRE 1221. 1 (revue en partie sur une ancienne copie -- Ce premier alinéa ne se lit pas ailleurs que dans l’édition de 1754.
  2. 2. D’une plume courante. Dans l’édition de 1737 la lettre commence ainsi Votre dernière lettre, ma fille, est d’une gaieté, etc. »