Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/242

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qui m’a charmée, parce qu’il est impossible de penser et d’écrire si plaisamment sans être gaie et en parfaite santé. Parlons d’abord de Monsieur le chevalier : je trouve son état très-différent de celui où je l’ai vu : comment, ma fille, je pourrois entendre frapper le pied droit ! car pour le gauche, nous trouvions qu’il faisoit souvent l’entendu et le glorieux, quoiqu’il fut assez humilié par la contenance de l’autre, qui nous donnoit autant de chagrin qu’à lui. En vérité, c’est un vrai miracle de le voir redresser[1], car il s’en alloit dans cet air de M. de la Rochefoucauld, qui faisoit pleurer ; et tout ce changement par trois quarts d’heure de bain dans cette eau salutaire, en trois jours[2] ; le Mont-d’Or, ni Baréges, n’en savent pas tant. En trois jours on est donc quitte de ce remède[3]. Assurez bien Monsieur le chevalier de la joie sincère que j’ai du soulagement qu’il a trouvé dans l’usage de ces eaux admirables, en attendant que nous disions guérison [4]. Vous louez beaucoup les soins de Monsieur de Carcassonne, en les comparant à ceux que vous auriez de moi ; j’en puis juger, il n’y en a jamais eu de si tendres et de si consolants[5].

Monsieur le chevalier trouva donc Mme de Ganges bien changée[6] ; cela est fort plaisant : elle avoit grand tort en effet de ne pas ressembler à l’idée qu’il s’en

  1. 3. « De voir ce pied-là redressé. » (Édition de 1754.)
  2. 4. «  S’est fait en trois jours. » (Ibidem.)
  3. 5. « On est donc quitte en trois jours de ce remède. (Ibidem.)
  4. 6. Ce dernier membre de phrase « en attendant, etc. » n’est pas dans l’édition de 1737.
  5. 7. « Ni de si consolants. » (Édition de 1754.) La lettre commence dans notre manuscrit avec l’alinéa suivant.
  6. 8. « Belle-sœur, dit Saint-Simon, de celle dont la vertu et l’horrible catastrophe a fait tant de bruit. Voyez les Mémoires, tome IV, p. 136 et 187. Voyez aussi la note 9 de la lettre du 24 juillet précédent, p. 132.