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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/266

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ce maréchal comme avec un homme dont il est connu, et joue tous les soirs au trictrac. Il y a un grand monde à Rennes, tout y brille de joie du retour du parlement[1], qui sera le 1er de décembre ; les états s’ouvriront le 22e de ce mois ; le maréchal[2] a des manières agréables et polies ; les Bretons en sont fort contents ; on aime le changement : voilà, ma chère enfant, tout ce que je sais. Ne soyez point en peine de ma solitude, je ne la hais pas ; ma belle-fille reviendra incessamment. J’ai soin de ma santé ; je ne voudrois point être malade ici[3] quand il fait beau, je me promène ; quand il fait mouillé, quand il fait brouillard, je ne sors point ; je suis devenue sage ; mais vous, la reine et la cause efficiente de la santé des autres, ayez soin de la vôtre, reposez-vous de vos fatigues, et songez que votre conservation est encore pour eux un plus grand bien[4] que celui que vous leur avez fait. Mme de Mocid a encore donné à son frère une belle tapisserie de ces Bellièvres[5], de la décollation de saint Jean, qui vaut deux mille pistoles. Qu’elle est heureuse de pouvoir faire de si beaux présents[6] !Je trouve que M. de Grignan donne de fort bons ordres contre les mal convertis. Vous aurez donc M. de Vins dans votre voisinage ; son grand-père[7]52 y brilloit beaucoup autrefois. On dit

  1. 26. « Il est avec le maréchal d’Estrées comme avec un homme dont il est connu. II joue tous les soirs au trictrac avec lui. Tout brille de joie à Rennes, du retour du parlement. » (Édition de 1754.)
  2. 27. « Le maréchal d’Estrées. » (Édition de 1737.)
  3. 28. Ce membre de phrase : « je ne voudrois point, etc., » manque dans l’édition de 1737.
  4. 29. « Un plus grand bien pour eux.  » (Édition de 1754.)
  5. 30. Nous avons vu plus haut (tome III, p. 510, et tome IV, p. 76) la déroute de la maison de Bellièvre.
  6. 31. Voyez la lettre du 9 octobre précédent, p. 246.
  7. 32. Hubert de Vins s’étoit rendu recommandable dans le parti de la Ligue en Provence et en Dauphiné. Voyez les Mémoires de Castelnau, p. 606 et suivantes, tome II, Bruxelles, 1731. Voyez Nostradamus