Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/288

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de nous charmer. On est bien aise de voir qu’il y ait eu et qu’il y ait encore des gens[1]à qui Dieu communique son Saint-Esprit et sa grâce avec une telle abondance ; mais, mon Dieu ! quand en aurons-nous quelque étincelle, quelque degré ? Quelle tristesse de s’en trouver si loin, et si près d’autre chose ! Ah, fi ! ne parlons point de ce malheur ; il en faut soupirer et gémir et s’en humilier cent fois par jour[2] .

Il y a un mois que la défaite[3] de M. de Schomberg roule en ce pays ; elle fut mandée de Saint-Malo à M. de Louvois ; mais n’ayant point été confirmée[4] par un courrier à la reine d’Angleterre, on la croit fausse[5]. J’embrasse ma très-aimable Comtesse[6] .

DE LA JEUNE MARQUISE DE SÉVIGNÉ.

J’ai vu, ma chère sœur, tout ce que vous nous dites à M. de Sévigné et à moi[7]. Il est demeuré à Rennes; j’ai eu[8] assez d’esprit pour ne pas balancer un moment à

  1. 37. « Des gens au monde. » (Édition- de 1754.)
  2. 38. « de ce malheur; il faut s’en humilier cent fois par jour, » (Ibidem.)
  3. 39. « La nouvelle de la défaite. » (Édition de 1737.)
  4. 40. « Mais comme elle n’a point été confirmée, etc. » (Édition de 1754.)
  5. 41. Schomberg étant passé en Irlande avec une petite armée, s’empara de Carickfergus, et vint ensuite camper à Dundalk, où il attendit inutilement des renforts. Les maladies se mirent dans son armée, de même que dans celle du maréchal Rosen, et il fut obligé d’abandonner l’Irlande après avoir éprouvé une perte considérable. (Voyez les Mémoires de Dalrymple.) Le bruit courut en France que le roi Jacques avait battu l’arrière-garde de Schomberg. Voyez le Journal de Dangeau, aux 7, 8 et 19 octobre 1689. (Note de l’édition de 1818.)
  6. 42. Cette petite phrase manque dans l’édition de I754
  7. 43. « Tout ce que vous dites pour M. de Sévigné et pour moi. (Édition de 1754.)
  8. 44- « Et j’ai eu. » (Ibidem.)