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avoir soin de sa santé, et je n’aurai pas beaucoup de mérite auprès de vous, pour peu qu’elle continue comme elle est à l’heure que je vous parle.

` 1237. DE MADAME DE SÉVIGNÉ

A MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, mercredi 23è novembre.

Que je suis ravie, ma chère enfant, que vous ayez fait une petite course à Livry[1] vous y avez tant de fois passé cette fête, que si vous m’y aviez trouvée, vous n’y auriez rien trouvé de changé, pas même tous ces Sanguins que nous y avons tant vus autrefois, et qui en sont présentement les maîtres, et tous nos vieux meubles, qui sont passés d’abbés en abbés, et qui demeureront longtemps en l’état où vous les connoissez; car cette abbaye va devenir un patrimoine dans cette famille. Vous avez un temps charmant, nous l’avons de même ici :un beau soleil, une douceur ; Mme de Marbeuf est contrainte de se promener, quoiqu’elle ne marche pas comme moi. Nous avons été deux jours, l’abbé Charrier et moi, à compter avec notre Monsieur de[2] Fermier : il est fort honnête homme ; mais celui qui l’a précédé a ruiné notre terre ; ce ne sont que réparations et abimes ; je ne toucherai jamais rien de mille pistoles qu’il me doit ; depuis deux ans le revenu a été employé à remettre tout en état :ce sont d’étranges mécomptes ; mais, ma fille, soyez-en consolée, comme moi[3] ; cela ira mieux

  1. LETTRE 1237 (revue en partie sur une ancienne copie). 1.-- Mme de Grignan avoit songé qu’elle faisoit la Saint-Martin (11 novembre) à Livry. (Note de Perrin.)
  2. 2. Il y a bien de, et non le, dans les deux éditions de Perrin.
  3. 3. « Mais comme celui qui l’a précédé…… je ne toucherai rien de