nes, et le 2è d'août ils partirent pour Paris. Mme de Chaulnes me vint dire adieu ici, où elle coucha, et m’y laissa avec douleur. J’espérois qu’elle me remèneroit comme elle m’avoit amenée ; la Providence en avoit disposé autrement.
Vous savez le reste de ce qui regarde le voyage de Rome et pour moi, je suis restée ici avec une partie de ma famille, dans une belle maison[1]au milieu de mes affaires ; car j’ai deux terres en ce pays [2]. Je n’ai rien gagné au rehaussement des monnoies ; je n’ai point eu de vaisselle d’argent à revendre. La belle Madelonne est dans son château de Provence, et moi fort paisiblement dans celui-ci. Je crois que je retournerai à Paris à la fin de l’été.8. voilà ma vie et mon projet, et Dieu sur tout. Il n’y a rien que je souhaitasse plus fortement que d’être dévote, et occupée de la seule grande affaire que nous avons tous à faire. Nous faisons des lectures toutes divines; mais j’avoue qu’encore que mon esprit soit parfaitement convaincu de toutes les grandes vérités, mon cœur n’est pas touché comme je le voudrois, et cet état nous fait sentir le besoin que nous avons de la grâce du Seigneur. J’ai envie d’en demeurer là, mon cher cousin ; puis-je finir à un plus bel endroit ? Tout paroîtroit frivole après cela. Cependant le bon Dieu trouvera bon, s’il lui plaît, que je vous dise encore un mot de mon amitié, qui ne s’est point relâchée, et qui durera autant que ma vie. Il me semble que je n’ai point assez embrassé les deux aimables dames qui sont auprès de vous.