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au-dessus de ma tête vous savez ceux [1] dont je me servois ; enfin vous en avez de toutes les façons. Remerciez-en Dieu, car assurément ce n’est pas de vous que viennent tous ces dons. Quand une belle et aimable femme les a reçus du Ciel, comme vous, c’est une merveille. J’en conviens, on leur permettroit[2]quelquefois de n’être point habiles ; d’autres, plus indulgents, leur pardonnent les dépenses excessives et déréglées en faveur de leur beauté, du bruit de leur jeunesse et du grand monde; mais de voir une laide bête à qui on laisse tout le loisir possible de travailler aux affaires de sa maison et de se rendre considérable par cet endroit, négliger cette occasion d’être bonne à quelque chose et de se faire pardonner tous ses désagréments, qui n’y pense seulement pas, qui s’amuse à discourir de toutes choses, hormis de ce.. qui la devroit uniquement occuper, et qui se trouve toute ruinée, toute abîmée, toute accablée, au milieu des plus grands revenus qu’on puisse avoir, je vous avoue que cela me met en furie, et que je voudrois qu’il y eût une punition pour celles qui font un si mauvais usage de leur esprit, et de leur laideur, qui seroit bonne au moins à quelque chose, si elle rétablissoit une maison[3]. Vous devinez à qui je pense; il est aisé de le deviner c’est à cette femme que tout le monde plaint, et que je ne veux pas plaindre, parce que je suis en colère.

On me mande que le pauvre M. de Montausier est en-

  1. 3. C’est-à-dire « les esprits, les genres d’esprit. » Au reste, cet endroit paraît être altéré dans le manuscrit, qui donne « ceux qui dont (sic) » je me servois. »
  2. 4. Dans le manuscrit « permettoit dans la première édition (1827} « permet. »
  3. 5. Dans le recueil de Lettres Inédites (1827) où cette lettre, ou plutôt ce fragment de lettre paru pour la première fois, le sens de cette fin de phrase a été altéré par le changement du singulier en pluriel : « qui seroient bonnes…… si elles rétablissoient…… »