Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/520

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On croit que l'accommodement de Monsieur de Savoie se fera[1] ; qu’il nous donnera la citadelle de Turin et Verrue, trois régiments d’infanterie et deux de dragons, faisant quatre mille hommes ; qu’après cela Catinat entrera dans le Milanois pour y faire ce que M. de Luxembourg va faire en Flandre.

Les affaires d’Irlande vont assez bien ; il n’y a que le roi Jacques qui gâte tout, et qui montre tous les jours par sa conduite qu’il mérite ses disgrâces [2]16.

Pour retourner aux particuliers, je vous dirai que le

  1. 15. Louis XIV continuait de traiter la Savoie comme une province conquise. Aussi exigea-t-il du duc l’expulsion des huguenots. Les Vaudois persécutés cherchèrent un asile en Suisse et en Allemagne ; mais le prince ferma bientôt les yeux sur leur retour, et l’on apprit à Versailles qu’il avait entamé des négociations avec les puissances qui s’étaient unies à Augsbourg. Catinat s’approcha de Turin et demanda que les troupes du duc se joignissent à l’armée française, et que la citadelle de Turin et le château de Verrue (à dix lieues nord-est de Turin, pris de la rive droite du Po) lui fussent livrés comme places de sûreté. Le duc feignit d’abord de se soumettre ; il écrivit au Roi dans les termes d’une humble acceptation, et pria Catinat de tout suspendre jusqu’à la réponse. Pendant ce temps le duc fit son traité ; il appela son peuple aux armes et commença une guerre dans laquelle il fit preuve d’une âme supérieure aux revers. Enfin, après six ans de malheurs mêlés de quelques succès, la duchesse de Bourgogne vint en France mettre le sceau à l’union des deux États. Voyez la Vie de Catinat, p. 47, Paris, 1778; et les Mémoires historiques sur la maison de Savoie, de M. Costa dé Beauregard, tome III, p. 3l et suivantes. (Note de l’édition de 1818.) Voyez encore ci-dessous le commencement de la lettre de juillet, p. 547
  2. 16. Jacques II faisait malheureusement en Irlande les affaires de Guillaume III, en menant les siennes au rebours de toute raison, avec un mélange d’ignorance, de confiance et de sottise. Louvois écrivait à Louis XIV, au mois d’avril 1690 « Tout ce que je puis dire d’avance à Votre Majesté, c’est que, si Dieu ne fait un miracle en faveur du roi d’Angleterre, je crains bien que le prince d’Orange ne fasse la conquête de l’Irlande avec beaucoup plus de facilité qu’il ne se l’imagine. « Voyez l’Histoire de Louvois par M. Rousset, tome IV, p. 381 et 382.