Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/543

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malheureux mais je ne saurais que vous dire. Une si grande chose, alors qu’on l’espère le moins, voir tant de personnes affligées, songer que la guerre n’est pas encore passée, tout cela fait un composé qui fait circuler le sang plus vite qu’à l’ordinaire. J’ai senti vivement la belle et brillante action du chevalier de Pompone [1]* elle vous viendra de tous côtés. Après le marquis, il n’y a personne où je prisse tant d’intérêt, à cause de M. de Pompone, que j’aime, comme vous savez. Vraiment[2] les larmes me vinrent bien aux yeux, en apprenant ce que le Roi lui dit sur ce sujet. Mme de Vins, qui sait mes sentiments, m’a écrit une, lettre dont je lui serai toute ma vie obligée. Je lui devois une réponse; mais sachant comme je suis sur ce nom, elle m’écrit d’une manière si aimable, que je ne puis assez l’en remercier. Sa lettre ne sent point du tout le fagot d’épines, je vous en assure; elle sent l’amitié, et n’a point été reçue aussi par un fagot d’épines[3]. Dites-lui, ma bonne, combien j’en suis contente et reconnoissante. C’est une aimable amie, et digne de vous. J’ai Mme de Saucourt à la tête la voilà sans garçons, avec deux gendres [4]. Ne me faites poînt parler.




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  1. 4. «f Les ennemis avaient construit deux redoutes de l’autre côté de la rivière (de la Sambre), dont ils avoient rompu les gués; et le chevalier de Pompope l’ayant passée, partie à la nage, avec deux cents dragons, en emporta une j’épie à la.main; il prit aussi l’autre avec assez de résistance de la part des ennemis. » (Gazette, p. 327 et 3a8.) Cet exploit est du 29 juin, avant-veille de la bataille. Voyez ci-après la lettre de Mme de Grignan du. 18 juillet, p. 555 et note 2.
  2. 5. Dans l’autographe Vrament.
  3. 6. Voyez tome IV, p. 299 tome VI, p. 155 et note 9, et même tome, p. 494.
  4. 7. Le marquis de Saucourt (Soyecourt) fut tué dans la bataille de Fleurus le chevalier de Soyecourt, son frère, y fut dangereusement blessé, et mourut de sa blessure voyez la Gazette, p. 335 et 336. « L’aîné, dit Dangeau au 5 juillet 1690, étoit colonel d’infanterie (du