Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/599

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de Lamoignon, du Lude, de Villeroi, de Grignan ? comment peut-on quitter un tel quartier ? Pour moi, je renonce quasi à la Déesse; car le moyen d’accommoder ce coin du monde tout écarté avec mon faubourg Saint-Germain [1]? Au lieu de trouver, comme je faisois, cette jolie Mme de Coulanges sous ma main, prendre du café le matin avec elle, y courir après la messe, y revenir le soir comme chez soi ; enfin mon pauvre cousin, ne m’en parlez point ; je suis trop heureuse d’avoir quelques mois pour m’accoutumer à ce bizarre dérangement ; mais n’y avoit-il point d’autre maison et votre cabinet, où est-il ? y retrouverons-nous tous nos tableaux? Enfin, Dieu l’a voulu ; car le moyen, sans cette pensée, de pouvoir s’en taire? Il faut finir ce chapitre, et même cette lettre.

J’ai trouvé Pauline toute aimable, et telle que vous me l’avez dépeinte. Mandez-moi bien de vos nouvelles ; je vous écris en détail, car nous aimons ce style, qui est celui de l’amitié. Je vous envoie cette "lettre par M. de Montmor[2], intendant à Marseille, autrefois M. du Fargis, qui mangeoit des tartelettes avec mes enfants. Si vous le connoissez, vous savez que c’est un des plus jolis hommes du mondé, le plus honnête, le plus poli, aimant à plaire et à faire plaisir, et d’une manière qui lui est particulière en un mot, il en sait assurément plus que les autres sur ce sujet ; je vous en ferai demeurer d’accord

  1. 12. A cause de Mme de la Fayette, qu’elle alloit voir souvent, et qui demeuroit au faubourg Saint-Germain. (Note de l’édition de 1751.)
  2. 13. Jean-Louis Habert de Montmor, comte du Mesnil, etc., maître des requêtes, frère puîné de I’évéque de Perpignan (voyez tome n, p. 138, note 14), et frère de Mme de Barthillat (voyez tome VI, p. 211, note 39), conseiller d’honneur an parlement de Provence et intendant des galères de France au département de Marseille. L’État de la France de 1689 (tome VI, p. 246) le nomme du Fargis Montmor. II épousa le 16 janvier 1700 N. de la Reynie, fille de Gabriel-Nicolas de la Reynie, le lieutenant de police.