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à Grignan, où je vais vous attendre, mon cher cousin, avec une bonne amitié et une véritable impatience.
1308. DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE DE BUSSY RABUTIN.
Trois semaines après que j’eus écrit cette lettre (n° 1306, p. 583), je reçus celle-ci de Mme de Sévigné.
A Lambesc, le 1er décembre 1690.
JE suis fort aise, mon cher cousin, que vous approuviez le trajet que j’ai fait de Bretagne en Provence ; quand je n’y aurois cherché que le soleil, il mérite bien cette peine : on ne peut venir de trop loin pour passer un hiver en ce pays-ci ; c’est assurément la plus agréable chose du monde. J’y trouve de plus la belle Madelonne, qui est une circonstance qui vaut bien pour moi toute la douceur du printemps.
Nous avons lu ensemble, admiré et approuvé les dernières offres que vous avez faites au Roi. Le style en est noble, particulier pour vous, et ne peut convenir à nul autre. Vous avez fort bien rassemblé tout ce qui doit honorer l’emploi que vous demandez ; il me paroit si bon pour celui dont vous voulez parler, que ce devroit être lui, ce me semble, qui vous le devroit demander car, comme vous dites, quelque grand que soit le sujet, vous avez toutes les qualités nécessaires pour le rehausser encore et pour rendre incontestables toutes les merveilles que vous en direz. Je suis fâchée que la circonstance d’être bien malheureux soit la plus considérable : il est fâcheux de prouver à nos dépens toutes les vérités que
LETTRE 1308. -- 1. Il y a incontestable, au singulier, dans le manuscrit.