Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/604

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de l’aimer fort quand elle ne seroit pas votre fille. Pour ce qui nous regarde vous et moi, ma chère cousine, je ne dis pas comme vous qu’il est trop tard pour changer ; car il se pourroit que cela voulût dire qu’on changeroit si on y avoit songé plus tôt. Pour moi, je ne change pas seulement parce que je me trouve bien comme je suis :

Chi ben sta non si muove[1]

mais je commencerois à vous aimer, si j’étois encore à commencer :

Je le ferois encor si j’avois à le faire[2]2. DE LA. COMTESSE DE DALET.

Ma fille de Dalet mit ceci au bas de ma lettre.

JE suis ravie d’être la caution de mon père et de vous, ma chère tante ; et en un besoin je payerois volontiers pour l’insolvable.

l3lO. DE COULAHGES A LAMOIGNON. A Rome, ce 10 décembre.

L’on ne peut pas être plus affligé que je le suis de la mort de M. de Seignelai. c’est une perte publique, et il y paroît bien à l’usage qu’il a fait de son bien, puisqu’il laisse tant de dettes. Voilà une bonne maison et bien des plaisirs de moins pour tous ses amis et pour toute la cour ; voilà aussi une place qui sera mal remplie par M. de Pontchartrain. Toute la scène qui se vient de passer est un beau sujet de réflexions et de méditations. Ce dernier ne

  1. LETTRE 1309. -- 1. « Qui se trouve bien ne change pas. » II y a dans le manuscrit : Que ben sta non se move.
  2. 2. Ce vers est deux fois dans Corneille :dans le Cid, acte III, scène IV, et dans Potyeucte, acte V, scène III.