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1689
Mme de Chaulnes, après avoir embrassé la belle Comtesse, lui mande qu’elle a des inquiétudes aux jambes tout comme elle, et que cela ne convient guère[1]à la gravité des places où Dieu vous a mises toutes deux, et que si vous vous trouvez bien de la saignée, elle vous prie de me le mander ; mandez-le-moi donc, ma fille; car je serai bien aise que mon sang ne soit pas répandu inutilement.
Nous avons fort ri de ce que vous me priez, à la fin de votre lettre, de me purger : et justement, sans aucun besoin, seulement par les probabilités du carême et du long temps que je n’y avois pensé, je me disposois à prendre ma poudre et ma manne des capucins. Je suis donc purgée3, comme vous êtes saignée ; je m’en trouve fort bien. J’eus une grande et bonne compagnie[2] sur le soir M. et Mme de Chaulnes, Mme de Kerman, Monsieur de Rennes, Monsieur de Saint-Malo[3], M. de Revel[4], Tonquedec, et plusieurs illustres Bretons et Bretonnes. Il me semble que je vous vois, quand je regarde Mme de Chaulnes, faisant des merveilles à tous, les proportions gardées ; car tout est mesuré, et pourtant dans la familiarité.
Je dine dans un camp,
Et je soupe dans l’autre[5]
- ↑ 2 « Ce qui ne convient guère. (Édition de 1754.)
- ↑ 4. « J'eus une grande compagnie » (Ibidem.)
- ↑ 5. Sébastien de Guémadeuc
- ↑ 6. Voyez tome III, p.111, note 3 et la lettre du 24 aôut 1689.
- ↑ 7. Allusion au couplet que fit Marigny pendant la guerre de la Fronde : Je ne crains point qu'en cette guerre On jette meschateaux par terre