c’est-à-dire avec ma chère hôtesse, Mme de Marbeuf[1], et je soupe à l’hôtel de Chaulnes. Le duc est continuellement occupé : toujours des troupes à envoyer, à loger ; toujours des revues, toujours des tambours, toujours des soldats, des régiments, des officiers, avec une table de dix-huit couverts, et une autre de dix ; tout est splendide, comme dit le chevalier,
Et tout va comme un bac dont la corde est rompue [2]Mme de Chaulnes m’a remerciée de cette comparaison, et m’a dit tout bas « Si j’avois des enfants, je ne ferois pas ainsi. » Nous allons lundi aux Rochers pour nous reposer un peu ; mon fils en a une vraie envie, sa femme en a besoin, et moi je ne respire que les bois des Rochers. Nous disons que nous en reviendrons à tout moment ; Dieu conduira nos pensées et nos projets. Je viens de lire une jolie lettre que m’envoie Mlle Descartes; faites-y répondre par Pauline, et faites honneur à M. Descartes et à la religion : comme il faut nécessairement un miracle, il est aisé de le placer selon les besoins que vous en aurez. Je ris quelquefois de l’amitié que j’ai pour cette fill[3] je me tourne naturellement de son côté, j’ai toujours des affaires à elle[4] il me semble qu’elle
- ↑ 8. Voyez la lettre du 9 mai précédent, p.45 -- Dans l'édition de 1754 : « c'est-à-dire le matin avec ma chère hôtesse et le soir à l'hôtel de Chaulnes. »
- ↑ 9. Mme de Sévigné rappelle ce vers dans la lettre du 15 juin suivant, p.81.
- ↑ e10. «Pour Mlle Descartes.» (Edition de 1754)
- ↑ 11. Tel est le texte des deux éditions de Perrin, nos seules sources pour cette lettre.