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CE

[1]

ce sera une sotte dépense. Il n’a point encore d’ordre de partir; nous souhaitons qu’on ne fasse point une sorte de campement si inutile.

1l82. DE MADAME DE SÉVIGNÉ

A MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, ce dimanche 5° juin.

J’ai reçu vos deux lettres à la fois, ma chère Comtesse; je suis bien aise d’avoir résisté à l’envie que j’avois de m’inquiéter. Martillac[2]1 m’assure que vous êtes en parfaite santé, et que jamais des remèdes n’ont été faits plus à propos ils vous ont guérie enfin de vos incommodités; il n’en faudroit pas davantage pour les remettre en honneur. J’ai perdu de vue les inquiétudes des belles jambes. de cette duchesse de Chaulnes; elle m’écrit souvent et ne m’en parle plus. Pour moi, ma chère enfant, je vous ai dit la perfection de l’état où je suis : cette médecine ne me fit ni bien, ni mal ; je n’ai plus de vapeurs, je ne prends point d’essence de Jacob2. [3] , car il ne faut rien faire quand on est bien ; plus de sursaut la nuit ; rien du tout à mes mains : enfin il y a de l’ingratitude, vous intéressant à ma santé comme vous faites, de ne pas remercier Dieu, et de croire que je vous trompe, quand je dis l’exacte vérité[4]Je suis étonnée de l’état où je suis; et à votre exemple, je m’en fais quasi un dragon je songe qu’il n’est pas possible que cet état puisse durer long-

  1. et au même tome, p. 533. Dans l’édition de 1754 « avoit choisi. »
  2. LETTRE 1182. 1. Voyez tome VIII, p. 197, note 9.
  3. 2. Du bonhomme Jacob, nommé au tome VIII, p. 100 ?
  4. 3. «  La pure vérité. » (Édition de 1754.)