Page:Sévigné - Lettres choisies, Didot, 1846.djvu/70

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Dimanche au soir.

Je mourais de peur qu’un autre que moi vous eût donné le plaisir d’apprendre la bonne nouvelle. Mon courrier n’a pas fait une grande diligence ; il avait dit en partant qu’il n’irait coucher qu’à Livry. Enfin il est arrivé le premier, à ce qu’il m’a dit. Mon Dieu ! que cette nouvelle vous a été sensible et douce, et que les moments qui délivrent tout d’un coup le cœur et l’esprit d’une si terrible peine, font sentir un inconcevable plaisir ! De longtemps je ne serai remise de la joie que j’eus hier ; tout de bon, elle est trop complète ; j’avais peine à la contenir. Le pauvre homme apprit cette nouvelle par l’air[1], peu de moments après, et je ne doute pas qu’il ne l’ait sentie dans toute son étendue. Ce matin le roi a envoyé son chevalier du guet à mesdames Fouquet, leur recommander de s’en aller toutes deux à Montluçon en Auvergne, le marquis et la marquise de Charost à Ancenis, et le jeune Fouquet à Joinville en Champagne. La bonne femme a mandé au roi qu’elle avait soixante et douze ans ; qu’elle suppliait Sa Majesté de lui donner son dernier fils, pour l’assister sur la fin de sa vie, qui apparemment ne serait pas longue. Pour le prisonnier, il n’a point encore su son arrêt. On dit que demain on le fait conduire àPignerol ; car le roi change l’exil en une prison. On lui refuse sa femme, contre toutes les règles. Mais gardez-vous bien de rien rabattre de votre joie pour tout ce proeédé : la mienne est augmentée, s’il se peut, et me fait bien mieux voir la grandeur de notre victoire. Je vous manderai fidèlement la suite de cette histoire : elle est curieuse. Voilà ce qui s’est passé aujourd’hui ; à demain le reste.

Lundi au soir.

Ce matin à dix heures on a amené M. Fouquet à la chapelle de

BONS. CONTRAIRES.
Brillac. Fériol.
Renard. Nogués.
Bernard. Héraut.
Roquesante. Poncet.
La Toison. Le chancelier
La Baume.
Verdier.
Masnau.
Catinat.
Pontchartrain.
  1. Par des signaux.