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de voyage.

Les larmes sont affaire de tempérament ; elles ne sont pas le fond de la douleur ; elles sont involontaires et en réalité seulement l’expression de la douleur dans son premier éclat. Un rien les fait couler, un rien les sèche. La sensibilité ne s’exprime donc pas uniquement par des larmes, puisqu’il y a nombre de gens qui sentent profondément et chez lesquels la source en est tarie. Pour les uns, les larmes sont un soulagement qui rend la douleur plus facile ; pour les autres, la douleur se concentre, ses ravages sont dangereux et peuvent entraîner la mort. De là vient que l’on dit d’une personne qu’une grande affliction accable : « Si elle pleure, elle est sauvée. » — Les larmes sont toujours un bienfait : Beati qui lugent ! »

5 octobre 1852.
En mer.

Sous cette date, je trouve dans le journal de Grasset deux citations, accompagnées seulement d’une courte réflexion :

« Le peuple est trop heureux de mourir pour son roi. »
  « … Vous leur fîtes, Seigneur,
  En les croquant, beaucoup d’honneur. »

« Quelle ironie ! ces vers, pourtant, sont à peu près de la même époque. »

En effet, la première citation est tirée d’une tragédie du grand Corneille ; mais ce génie dramatique, poète de cour et contemporain du grand règne de Louis xiv, prince superbe, roi soleil, qui voulait tout réunir et concentrer en lui seul, disant dans