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Page:Sacher-Masoch - L’Ennemi des femmes, 1879.djvu/185

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L’ENNEMI DES FEMMES

Nadège, ne l’autorisait-elle pas à mettre un peu d’intervalles dans ses visites ?

Il commença donc à ne plus venir que tous les deux ou trois jours au Palais de bois. Quand Petrowna lui fit un petit reproche à ce sujet, il eut le tort de le prendre en riant, et, comme la jeune fille insistait avec la vivacité qu’elle mettait en toute chose, subitement alarmé de l’émotion de Petrowna, perdant un peu la tête, incapable de mentir, il avoua ce qui s’était passé, les conseils paternels du directeur du Cercle, et la nécessité pour lui de mettre pendant quelque temps un peu de diplomatie dans son amour.

Petrowna fut étonnée. Elle dit, en ouvrant ses grands yeux :

— Ah ! c’est pour cela que vous venez plus rarement ?

Elle sourit faiblement, parut pardonner à son fiancé ; mais son sourire ne soulageait pas son cœur, et son pardon était dédaigneux.

Depuis qu’elle aimait et qu’elle se savait aimée, elle vivait dans une fièvre héroïque. Elle se sentait offensée, comme femme et comme amie, de la persécution endurée par Nadège. Elle eût rêvé, sans jalousie, dans Constantin un champion intrépide de cette noble femme. Elle lui eût pardonné toutes les extravagances, sa démission d’abord, puis une rébellion ouverte contre le pouvoir. Il ne lui eût pas déplu de partir avec Constantin, chassés tous deux, poursuivis, proscrits.