La chambre à coucher du cynique était capitonnée
comme une chambre de jolie femme. On descendait
directement de cette pièce dans le jardin,
par un escalier de pierre extérieur. Un autre escalier
à l’intérieur desservait la chambre, la bibliothèque
et une sorte de musée bizarre, prétentieux,
que Diogène avait nommé le greffe de l’amour.
C’étaient les archives, l’arsenal, les notes secrètes,
mises à sa disposition par un vaste espionnage, et
contenant, sur toutes les femmes et jeunes filles
du pays, les renseignements indispensables à l’œuvre
folle que ce bizarre personnage avait entreprise.
Dès que les trois jeunes gens eurent agité la sonnette d’entrée, un guichet s’ouvrit, et une tête de vieillard apparut.
— Ouvre, Ivan, dit Melbachowski, d’un ton amical.
Avant d’ouvrir, Ivan examina les trois visages, et pointant son regard sur Constantin :
— Quel est ce jeune monsieur ? demanda-t-il d’une voix de basse-taille, légèrement fêlée.
— C’est un ami de ton maître.
Cette réponse, faite avec assurance, persuada Ivan. C’était un petit homme trapu, solide, en costume de cosaque, bleu foncé. Il ouvrit la porte, et, après l’avoir soigneusement refermée, gravit devant les nouveaux venus un large escalier de quatre marches, couvert de tapis, et orné à chaque marche d’une statue de nymphe antique.