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VI

NADÈGE

Un personnage comme Diogène, je l’ai dit et j’aurai souvent besoin de le répéter, mélange d’esprit, de noblesse, de perversité candide, de petitesse, serait impossible partout ailleurs qu’en ce pays de Galicie, où, plus encore qu’en Russie, la civilisation n’est souvent que le vernis de la barbarie, où l’esprit ne va pas sans une affectation d’excentricité, où la fierté a des tyrannies étranges, où la haine descend parfois à la puérilité.

Je crois également qu’une femme comme Nadège Ossokhine, d’une grâce extérieure qui serait effroyablement dangereuse avec un peu de coquetterie, d’un stoïcisme de sentiment qui arriverait bien vite à l’insensibilité, calme avec des yeux ardents, simple avec une beauté souveraine, excentrique par tempérament, modérée par raison, écrivant d’une plume virile, sans perdre rien de son charme féminin, luttant pour les intérêts