» — Non.
» Je pris une voiture, je fis ma toilette, et je me rendis au casino, où j’arrivai un peu après dix heures. La grande salle regorgeait de monde. Il y avait affluence de femmes distinguées qui laissaient glisser leurs mantilles de dentelles pour faire mieux voir les rondeurs de leurs épaules, de jolies filles aux yeux brillants d’animation et de plaisir, des élégants blasés qui se promenaient en affectant de ne rien voir, malgré les lorgnons qui leur pinçaient le nez, des dominos mystérieux qui erraient dans la foule sans parler.
» Je circulai un instant parmi les danseurs, sans but.
» Soudain, on me frappe légèrement sur l’épaule. Je me retourne. C’est une main gantée de noir qui m’a touché. Deux femmes sont à mes côtés, l’une vêtue d’un long domino couleur de sang, l’autre habillée de noir. Ces femmes sont étranges. Leur aspect me glace.
» — Tu es ici, dit la dame noire en allemand ; ainsi, tu as du courage ?
» — En veux-tu des preuves ?
» — Tu es venu. C’est la meilleure preuve que tu puisses me donner.
» Elle prend mon bras et me contemple en silence, tandis que sa compagne se perd dans la foule. Elle est entièrement vêtue de noir. Un domino de