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Page:Sacher-Masoch - La Pantoufle de Sapho et autres contes, 1907.djvu/221

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LOUP ET LOUVE

s’avança, au son des trompettes, jusqu’à la tribune des dames, descendit de cheval et reçut, à genoux, de la main de Loba, le prix consistant en un anneau d’or orné de joyaux et en une couronne de roses qu’elle lui posa sur le front.

Raimond de Miraval, le troubadour, qui se tenait à proximité de la tribune et dont le jeune et frais visage avait suivi le tournoi avec un sourire ironique, remarqua alors, seulement, le gant que le comte portait, ainsi qu’une amulette à sa poitrine. Poussé par un soupçon jaloux, il passa en revue la phalange des dames et aperçut la main dégantée de Loba. Le sang monta, révélateur, aux joues de la jeune femme, sous ce regard qu’elle intercepta au passage, puis elle pâlit jusqu’à ses lèvres. Mais la louve retrouva vite son sang-froid et sa bonne humeur.

— Nobles seigneurs, dit-elle, après vous être si vaillamment mesurés en champ clos, nous vous convions à une lutte plus dangereuse encore.

Dame Vénus en personne vous provoque au combat, et vous attend sur la pelouse, au pied du château.

Les seigneurs coururent avec empressement se défaire de leurs lourdes armures et, bientôt, mon-