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Page:Sacher-Masoch - La Pantoufle de Sapho et autres contes, 1907.djvu/44

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LA PANTOUFLE DE SAPHO

atteignant presque à la solennité. Je baiserai journellement l’endroit qu’a touché votre pied.

La grande Schrœder s’abîmait dans les réflexions. Autour de ses lèvres, se jouait comme de l’espièglerie.

— Bien, monsieur, dit-elle enfin, je vous fais cadeau de la pantoufle.

— Comment vous remercier ? s’exclama le jeune homme en lui prenant la main et en la couvrant de baisers.

— Écoutez la suite. Vous offriez à Babette une poignée de ducats pour cet objet ?…

— En effet.

Si vous étiez prêt à payer d’une telle prodigalité une vieille pantoufle usée, que donneriez-vous pour le pied même de Sapho ?

— Le pied ! comment cela ?

— Écoutez-moi jusqu’au bout. J’ai ici une pauvre comédienne qui se nomme Muller, une artiste de mérite et une excellente femme. Actuellement, elle meurt de faim et de froid et est presque toujours malade.

— Je devine, cette mendiante…

— Elle-même. Vous la rendriez heureuse en lui donnant les moyens d’entreprendre un petit commerce, et c’est pourquoi je vous demande, à