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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

science sans fond, il en fallait un autre à Steinherz, et, s’il était possible, avec un nom aristocratique. La pensée de Keith lui vint et il alla le chercher aussitôt.

— Monsieur le baron, dit-il avec cette dignité dont il faisait preuve en affaires, je ne viens pas vous rappeler la bagatelle que vous me devez ; je viens au contraire vous proposer — vous ne vous fâcherez pas, hein ? — de gagner quelque chose, du bel argent, et de me venir en aide par-dessus le marché. Lorsque vous aurez consenti, je déchirerai le billet de cent florins que j’ai de vous, je vous donnerai en outre cent florins comptant, plus dix pour cent sur ce que je gagnerai. Et vous n’aurez rien à faire dans toute cette opération, si ce n’est de dire à quiconque vous interrogera sur moi : « Je connais Steinherz ; j’ai fait moi-même des affaires avec lui ; c’est un brave homme que Steinherz. » Vous pourriez ajouter : « C’est mon ami, Steinherz ; » mais non, cela fait plus d’effet de dire simplement : « Steinherz » ; ne dites donc pas : « Mon ami Steinherz ».

Keith trouva le marché très-avantageux, reçut le billet souscrit par lui, toucha en sus les cent florins, et chaque semaine vit arriver Steinherz lui apportant de jolis pour cent. De quelle nature étaient les belles affaires dans lesquelles