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SI TU ES LE FILS DE DIEU, ETC.

Le couple ne tarda pas à être d’accord et Plant s’avoua satisfait de n’avoir pas payé plus cher le concours de la conseillère. Cette femme lui était tellement précieuse, qu’il eût donné une somme cinq fois plus forte si elle la lui avait demandée. À quoi lui servaient Rosenzweig, les autres banquiers, les comtes et les barons ? Ils donnaient leur argent, leurs noms qui, dans leurs milieux, inspiraient la confiance ; ils étaient, du reste, déjà fanatiques de la spéculation ; mais la conseillère Teschenberg, la mère des pauvres, lui valait d’un seul coup toutes les petites gens, lui conquérait toutes les classes de la population qui condamnent et fuient comme chose anti-chrétienne les jeux de Bourse et ce qui s’y rattache ; elle donnait à l’entreprise comme une auréole morale et un mirage attrayant d’honnêteté, de sécurité.

Après avoir réussi dans cette importante démarche, Plant songea à se rendre les journaux favorables.

Ce fut dans le salon du général Mardefeld que cette délicate opération fut discutée.

— Après l’Incorruptible, observa Rosenzweig, la Réforme me paraît être le premier journal à mettre dans nos intérêts.

— Très-juste, répliqua le général. Il jouit d’une grande réputation ; il est très-estimé, dans toutes