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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

maternelle, et, chose plus rare encore, pas du tout prude, ainsi que toutes les femmes vraiment nobles, vraiment modèles. Sans reproche elle-même, elle était toujours disposée à pardonner aux autres les faux pas causés par la passion, par tout ce qui ne partait pas d’un mauvais cœur. Devant elle, on pouvait parler de tout et de tous ; elle se contentait d’habitude d’écouter, mais elle comprenait tout ; elle prenait sa part de tout ; elle ne se fâchait pas d’une phrase sentant le naturel ou manquant de formes, et lorsque, de temps en temps, elle disait un mot, ce mot était de l’or pur.

Son fils, le docteur, faisait son cours particulier d’histoire à l’université, s’enterrait aux Archives, dans de vieux parchemins, ou travaillait à la Bibliothèque, toutes occupations qui n’ont jamais rien eu d’utile à notre époque la plus idéaliste en Allemagne, et qui, aujourd’hui que nous sommes devenus tout à coup si pratiques, rentrent bien plus encore dans le genre des occupations à mourir de faim. Aussi en était-il réduit à donner dans quelques familles des leçons qui lui étaient convenablement payées.

Tout compte fait, la famille Andor n’avait que de faibles ressources ; elle n’était pourtant pas inhospitalière. Les jeunes gens qui venaient voir le docteur trouvaient chaque fois la table mise. Com-