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Page:Sacher-Masoch - Sascha et Saschka (suivi de) La Mère de Dieu, 1886.djvu/159

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LA MÈRE DE DIEU.

Kenulla soupiras se gratta l’oreille et quitta la salle sur la pointe des pieds, avec Ossipowitch et ses fils. Mardona et Sabadil restèrent seuls.

Un long moment se passa avant qu’ils échangeassent un regard. Enfin Sabadil prit la parole :

« Explique-moi, Mardona, commença-t-il, comment il se fait que vous punissiez la femme qui offense son mari, puisque, à ce que l’on dit,… le mariage n’est pas considéré comme un sacrement dans votre secte ?

— Nous n’avons ni ne reconnaissons pas de sacrement, répondit Mardona en prenant place sur un siège près de Sabadil. La décision de deux êtres qui s’aiment et le consentement de leurs parents suffisent pour accomplir un mariage. Les parents et les amis des époux se réunissent dans la maison de la fiancée et déclarent, en présence de la congrégation, leur union accomplie. La séparation s’accomplit de la même manière, aussi simplement : les époux déclarent qu’ils sont décidés à se séparer, et le divorce est prononcé.

— Il se peut que cela ne mène à rien de bon, interrompit Sabadil en secouant la tête.

— Jusqu’à présent j’ai observé chez nous bien moins de séparations que chez vous ou chez les juifs.

— Mais un mariage sans la bénédiction du prêtre ne peut être sanctionné par Dieu, murmura Sabadil.

— Tu parles selon tes opinions, dit Mardona avec une grande douceur. Nous simplifions les devoirs du mariage, son accomplissement et sa nullité, pour