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LA MÈRE DE DIEU.

— Tu as peur, Sukalou ? commença la Mère de Dieu. Ta conscience te tourmente, n’est-ce pas ?

— Aie pitié, refuge des croyants, cria Sukalou en se jetant aux pieds de Mardona. J’ai failli, j’ai péché. Ah ! je le sais, Satan était en moi. Crois à mes paroles. Je me repens ! je me repens ! Fais-moi grâce.

— Lève-toi, dit Mardona, et dis-moi ce que tu sais du mariage de Nimfodora.

Je ne sais rien.

— Cependant, en présence même d’Anuschka…

— Une plaisanterie, notre petite mère, un simple badinage, affirma Sukalou, toujours vautré dans la poussière.

— Lève-toi, et dis-moi tout, continua Mardona. Tu sais quelque chose que tu me caches. Allons, parle, ou nous réglerons sur-le-champ nos comptes ensemble, à propos de l’histoire que tu as arrangée avec Wewa. »

Elle se leva, alla au buffet, et en tira un plat de rôti froid.

« Aussi vrai que j’aime Dieu, je ne sais ce que tu veux dire, jura Sukalou, suivant Mardona dans la chambre, en se traînant sur les genoux.

— Assieds-toi là, dit-elle, et mange. »

Sukalou se releva lentement, soupira et s’assit près de la table où Mardona avait posé le rôti.

« Eh bien ! que sais-tu sur le compte de Nimfodora ? demanda la Mère de Dieu.

— Peut-être n’est-ce qu’un bavardage. »

Il voulut se servir du rôti, mais Mardona le retint.

« Quel bavardage ?