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LA MÈRE DE DIEU.

la cour. Elle regarda au loin, de tous les côtés, durant quelques minutes. Alors, comme elle ne remarqua rien de suspect, elle déchaîna les grands chiens-loups, les lâcha, appela Barabasch et retourna avec lui au temple.

À son ordre, les assistants enlevèrent la croix de la muraille et la couchèrent par terre.

« Cela ne suffit pas, dit la Mère de Dieu, très calme, mais avec son regard étrange. L’Éternel n’est pas satisfait. Je sens l’inspiration de l’Esprit, qui me dit que ta punition est trop faible. Tu vas être fixé à cette croix au moyen de trois clous, Sabadil. Seulement alors je serai contente. »

Une pâleur mortelle envahit le visage de Sabadil. Les assistants regardèrent Mardona, terrifiés.

« Dieu le veut ! dit-elle d’un ton solennel ! Que sa volonté s’accomplisse !

— Amen ! murmurèrent les assistants.

— Amen ! répéta Sabadil, complètement résigné.

— Il est temps de nous mettre à l’œuvre et d’accomplir ce sacrifice, dans le temple même, continua Mardona. Nimfodora, tu cloueras les mains de Sabadil à la croix. Toi, Sofia, tu lui cloueras les pieds. »

Sukalou était horriblement agité. Il clignait de l’œil, et prisait sans désemparer. Les deux femmes se tenaient là, pâles, les yeux baissés, pétrifiées. Barabasch jeta sur le carreau quatre gros clous et un marteau.

« Nimfodora, ordonna la Mère de Dieu d’une voix douce, commence ! »

Nimfodora choisit un clou et prit le marteau. Puis elle s’agenouilla à gauche de Sabadil, et resta immobile.