……Je ne puis démêler bien encore le fond de la pensée. Plus calme en apparence près de moi, toujours sollicitant auprès du ministre qu’il lui soit permis d’adoucir par sa présence la captivité, et toujours refusée. Est-ce un faible invincible qui la fait agir ? Un excès de principe du devoir ? Ou la crainte qu’on ne la punisse un jour des efforts qu’on supposera qu’elle n’a pas faits ? Sur ce point elle est impénétrable pour tout le monde. Vous en savez peut-être davantage. Cependant, elle n’ignore rien. Les gens en place l’ont éclairée sur la volonté du roi, sur les motifs qui la fondent. L’abbé de Sade, prévôt de Saint-Victor, lui a déclaré formellement qu’il avait, au nom de la famille et au sien, supplié le ministre de se refuser aux demandes de sa femme et de pourvoir à la sûreté de la personne en la conciliant, autant que faire se peut, avec toute aisance et douceur dans l’intérieur du château où il est……
Avez-vous pris au château certaines précautions que je vous avais conseillées ? La sortie de N.n.. rendra cette précaution encore plus…… Vous m’entendez.
……J’ai reçu une lettre de madame de Montreuil datée du château de Valéry du quatorze octobre. Elle ne m’est parvenue que le vingt et un du courant, où elle me parle de Nanon et des lettres de son père. Il me paraît qu’elle est résolue de lui donner la liberté, pourvu qu’elle ne reste pas dans cette contrée ni en Auvergne, encore moins à Lyon, pourvu qu’elle soit circonspecte et ne parle nullement des affaires passées. Elle me l’a promis ; je ne sais si elle sera fille de parole et j’en serai presque assuré après tout ce qu’elle m’a dit. J’en ai informé madame de Montreuil.