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MARQUIS DE SADE — 1791
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soit, de moins à m’envoyer tous les ans ; mais j’aurai aussi douze cents livres de loyer de moins à payer par an. Ainsi cela revient absolument au même……

Si MM. Reinaud et Gaufridy, consultés, approuvent cette mutation, ainsi que j’ai tout lieu de me flatter qu’ils le feront, alors je prierai instamment M. Gaufridy de mettre la main à l’œuvre le plus tôt possible, attendu que la maison dont il s’agit va se vendre sous peu de mois……

Et maintenant, comme mon intention est d’assurer irrévocablement à mes enfants la maison que je veux acheter, que je veux qu’ils aient à cette maison les mêmes droits qu’ils auraient eus aux fonds de terre que je déplace pour acheter la dite maison, MM. les avocats consultés voudront bien me conseiller, me prescrire tout ce qu’il faudra que je fasse dans cet acte de vente pour assurer à mes enfants le plus solidement possible cette nouvelle acquisition.

Vivant à Paris et n’ayant de biens qu’en Provence, que deviens-je s’il m’arrive un événement ? Je ne sais sur quoi trouver un denier à emprunter……

En un mot, renonçant à la Provence comme je me vois contraint de le faire, mon bonheur et ma tranquillité tiennent à cet arrangement. J’ai au moins un effet à moi dans le lieu où je rendrai le dernier soupir… un asile au moins, où mes cendres, que j’y déposerai, reposeront en paix sous la génération qui me suivra.

Réponse, messieurs, je vous en conjure……


Le marquis se refuse à reconstruire les murailles de Mazan pour satisfaire aux vœux d’une population imbécile. (9 juillet).

Je suis on ne saurait plus étonné, mon cher avocat, de vous entendre crier misère pendant qu’on nous assure ici que tout est maintenant dans la plus parfaite tranquillité dans le Comtat et que les commissaires y ont rétabli le plus bel ordre. En analysant bien votre lettre, il paraît pourtant que tout ce désordre roule sur les murailles mazanaises que l’on veut me faire reconstruire. Ne leur avez-vous donc pas donné mon écrit sur cela ? Vous vous rappelez que vous m’envoyâtes ce printemps le modèle d’une très humble requête que je transcrivis mot à mot et que je vous fis passer pour eux. Pourquoi ne me dites-vous pas ce qu’ils ont répondu à cela ? Si cela ne les contente pas, je vous prie de leur dire que je ne me crois nullement obligé de recevoir des ordres d’eux. Ou nous restons au pape, ou nous passons à la France. Dans l’un ou l’autre cas, je ne dois agir sur cela que d’après les ordres du pape, si nous lui restons, ou d’après ceux de l’assemblée nationale, si nous passons à la France. C’est avec une permission du souverain que mon père a détruit ces murs ; je ne veux les réparer, moi, qu’avec des ordres égaux à ceux qui nous ont permis de les détruire. Si tout cela ne les contente pas, vous pouvez de ma part leur donner permission de jeter le château par terre, et ils se serviront alors des pierres