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MARQUIS DE SADE — AN II.
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Encore ne reçois-je plus rien depuis deux ans, à cause des troubles qui ont toujours régné depuis cette époque dans mon département, et si j’ai reçu, c’est par mes ouvrages et mes emprunts sur mes fonds. Je jure et proteste de la vérité de cette déclaration. Ce 24 brumaire. Sade.

Je vous recommande extrêmement cette affaire-ci ; elle est très pressée, très essentielle, pénible pour vous, je le sais, par les détails qu’elle exige, mais je suis très mal dans mes affaires si vous ne la terminez pas tout de suite. Il faut que les municipalités de la Coste, d’Arles, de Saumane et de Mazan, en certifiant mon revenu, ne m’en composent à elles quatre que pour huit mille francs. Songez que, ma déclaration étant faite, vous me mettriez dans l’embarras si les aveux de ces municipalités allaient me rendre plus riche, et dans le fait le peuvent-elles ?……


Le marquis, mécontent de la déclaration que lui a faite Fage touchant la demande du comédien Bourdais, établit de sa propre main les termes du certificat qu’il attend de lui, et marque à l’avocat de quels moyens on doit user pour écarter toute compétition à la succession de M. de Murs.

Certes, si Fage voulait donner des armes contre moi au comédien Bourdais, il ne pourrait pas envoyer un certificat plus contre moi. Voilà précisément ce que dit Bourdais. « J’ai bien reçu, dit-il, trois cent cinquante-deux livres dix sols, mais c’était un acompte et je demande le reste ». Voici donc, mot à mot, comme doit être construit le certificat de Fage :

« Je certifie avoir payé au nommé Bourdais, pour lors gagiste de la comédie de Marseille, la somme de trois cent cinquante-deux livres dix sols, pour solde de tout compte et parfait paiement des appointements qui lui avaient été accordés pour jouer la comédie au village de la Coste près Apt. En foi de quoi le dit Bourdais a délivré sa quittance et a témoigné être parfaitement content du citoyen Sade contre lequel, le dit paiement fait, Bourdais ne peut plus avoir rien à réclamer. Je déclare en outre que c’est le dix juillet 1772 que le paiement a été fait au citoyen Bourdais.

Signé : Fage, et daté du jour où il le fera…… ».

Nous allons obtenir du ministre la permission de poursuivre mes ravageurs costains ; vous l’aurez dans ma première avec la copie du bail de Saumane que vous me demandez. Je suis fort aise que vous ayez reçu des nouvelles satisfaisantes de votre fils. J’aurais été bien fâché qu’il fût dans Toulon. Ne négligez pas[1]…… Éclaircissez tout de suite cette affaire, je vous en conjure, et mettez-vous en mesure pour qu’aussitôt la mort les scellés ne soient mis qu’en mon nom. Vous sentez de quelle importance

  1. Cette partie de la lettre est déchirée. M. de Sade envisage la mort prochaine de M. de Murs, son parent.