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CORRESPONDANCE INÉDITE DU


avocat, mais l’article de votre lettre sur cela n’est point du tout clair. Si c’est le revenu, je suis en règle ; sinon il s’en faut de beaucoup que j’y sois. Je vous prie d’éclaircir cela tout de suite. Mazan a fait ce que je désirais ; son revenu est attesté à deux mille livres par la municipalité. J’ai l’attestation. Arles n’a pas voulu s’y mettre. Lions n’a pu rien obtenir et ils ont porté le revenu à six mille. Le refus des gens de Saumane est incompréhensible ; il est pourtant certain que ce bien-là me rapporte excessivement peu……

Fage vous a donné un billet ridicule. Je ne l’ai jamais soupçonné de se mêler de comédie ; mais, sans se mêler de comédie, il pouvait bien attester la vérité, laquelle est qu’il a payé le comédien Bourdais pour solde de tout compte.

Le comédien Bourdais est une mouche cantharide des Montreuil, et Fage, en le soutenant, prouve qu’il est encore tout aussi Montreuil que quand il venait pour m’arrêter à la Coste, à la tête des brigands ministériels. Voilà toute la réponse que mérite son spirituel billet.

Si je voulais faire beaucoup de tort à la municipalité de la Coste, je dénoncerais son insouciance à lire les discours patriotiques que je lui ai envoyés, mais je méprise trop les meneurs de cette contrée pour leur nuire. Qu’ils sachent seulement que ces discours avaient eu l’approbation de la Convention et qu’ils devaient, d’après cela, se faire un devoir de les lire……


Le marquis prend l’avocat dans un dilemme. (12 pluviôse).

Il y a, mon cher citoyen, une contradiction formelle dans vos deux dernières qui m’inquiète et me tracasse beaucoup, et je vous prie de m’éclaircir cela le plus tôt possible. Vous me dites dans votre lettre du dix sept nivôse que vous avez reçu une lettre et ma pétition ; au bas de cette même lettre vous mettez : « Vous m’avez envoyé un mémoire concernant la Coste que je n’ai pas reçu et je ne puis me charger de cette affaire. »

Ensuite, dans votre lettre du trente nivôse, vous me dites que l’on a supprimé mon mémoire, que cette suppression a instruit le comité et qu’en conséquence il a mis le scellé sur des effets à moi transportés chez vous. Il m’est absolument impossible d’entendre rien à ce grimoire-là. Si, comme le dit votre lettre du dix-sept, vous avez reçu ma pétition, comment se peut-il qu’elle se trouve supprimée. Ou elle est reçue, ou elle est supprimée. Si elle est reçue, pourquoi me dites-vous dans la lettre du trente : « Elle est supprimée », et si elle est supprimée, pourquoi me dites-vous dans votre lettre du dix-sept : « Elle est reçue ». Il m’est absolument impossible de rien entendre à cela. Quoi qu’il en soit, je m’en tiens, jusqu’à votre explication, à l’édition de la suppression puisqu’il s’en est ensuivi un scellé, et dans ce cas, voici une lettre pour votre comité que vous adresserez et remettrez, si toutefois vous le trouvez nécessaire……