capitaux[1] ; tel qui les reçoit dans ce moment-ci, se ruine évidemment,
mais pouvons nous refuser ? C’est ce dont je doute, quand ce n’est point
viager. Je crois qu’on peut vous forcer à prendre ; sachez cela au juste ;
refusez tant que vous pourrez et, quand vous ne pourrez absolument pas,
faites-moi passer ces fonds-là tout de suite, parce qu’en attendant que les
choses s’arrangent il y a ici d’excellentes façons de faire actuellement
travailler son argent et j’en profiterai jusqu’à ce que je puisse acheter
quelque fonds…… Puisque nous voilà à Mazan, parlons du château. Dès que
madame de Villeneuve ne sent pas l’excellent marché que je lui proposais
de lui donner cette maison pour vingt-cinq mille francs sa vie durant, et
cela parce que Quinquin l’obsède et l’anime contre moi, puisque, dis-je, elle
ne sent pas cela, offrez-lui pour vingt mille francs et, si elle refuse, mettez
des affiches et vendez cette maison au prix où elles sont aujourd’hui. Je
puis tirer un argent infini de cette masse de pierres que je n’habiterai sûrement
jamais. Non que je renonce à la Provence, j’y finirai vraisemblablement
mes jours, mais c’est Saumane que je veux habiter ; je suis fou de
Saumane, j’irai certainement, si je le puis, y finir mes jours et je vous en
recommande d’après cela la maison on ne saurait davantage. J’ai encore
pour quatre ans d’ouvrage à Paris, au bout desquels, si Dieu me prête vie,
il est bien sûr que j’irai mourir à Saumane. Ménagez-moi l’esprit des habitants
dans cette vue et dites-moi ce qu’on en pense là. Souvenez-vous bien
qu’en vendant Mazan à madame de Villeneuve ou à tout autre, je ne vends
que la seule maison, sa cour et son jardin parterre. Il faut bien se garder
de vendre autre chose et conserver surtout avec grand soin le jardin fruitier
qui, dit-on, est un vrai Pérou……
Vous n’imaginez pas le tort que vous me faites en ne m’envoyant pas ces trois sommes : le surplus de la vente des débris, les indemnités d’Audibert et la vente du château. Je gagnerais ici des sommes immenses avec cet argent ; rien que les soixante mille livres de la bastide, en attendant que je paye la maison achetée, me rapportent trois mille six cents francs par mois. Vivrais-je sans cela avec dix-sept ou dix-huit mille francs que vous m’avez envoyés pour mon année 1795 ? Il y a des placements uniques à faire dans ce moment-ci, quand on s’y entend, et vous me ruinez en ne m’envoyant pas les trois sommes que je vous demande. Pressez cela, je vous en conjure.
La subsistance de 1796. Je vous l’ai dit dans ma dernière, il me faut absolument soixante-dix mille francs assignats pour cette année-là ; je n’en
- ↑ Le capital des rentes qu’on lui doit.